Gregory Isaacs

Gregory Anthony Isaacs, the Cool Ruler

Gregory Isaacs est une icône du reggae jamaïcain, célèbre pour sa voix suave et son rôle de pionnier du lovers rock. Il a marqué l’histoire de la musique avec des hits comme Night Nurse et une carrière prolifique de plus de 70 albums. Malgré des luttes contre l’addiction et des démêlés judiciaires, son héritage perdure à travers son influence mondiale et des hommages posthumes, jusqu’à sa mort en 2010.

Biographie de Gregory Isaacs

Jeunesse et débuts

Gregory Anthony Isaacs, surnommé le « Cool Ruler », naît le 15 juillet 1951 à Fletchers Land, un quartier pauvre de Kingston, en Jamaïque. Dès son adolescence, il se distingue dans les concours de talents locaux, très populaires à l’époque. Influencé par des artistes comme Sam Cooke, Percy Sledge et Delroy Wilson, il développe un style vocal suave et émotionnel. En 1968, il enregistre son premier single, Another Heartache, en duo avec Winston Sinclair sous la production de Byron Lee, marquant le début de sa carrière et son penchant pour les thèmes romantiques.

Ascension dans les années 1970

Dans les années 1970, Gregory Isaacs devient l’un des artistes les plus prolifiques et populaires de Jamaïque. En 1973, il fonde son propre label, African Museum, avec Errol Dunkley, sur lequel il sort My Only Lover, considéré comme le premier titre de lovers rock, un sous-genre du reggae axé sur l’amour. Il collabore avec des producteurs renommés comme Lee Perry (Mr. Cop), Alvin Ranglin (Number One, Border) et Niney The Observer. Ses chansons oscillent entre ballades romantiques et titres conscious inspirés par la vie dans le ghetto. En 1978, il signe avec le label Front Line de Virgin Records et sort les albums Cool Ruler (1978) et Soon Forward (1979), qui le propulsent sur la scène internationale.

Apogée et consécration

Au début des années 1980, Isaacs atteint le sommet de sa carrière. En signant avec Island Records, il sort Night Nurse (1982), souvent considéré comme son chef-d’œuvre, et Out Deh! (1983). Le titre Night Nurse devient un hymne reggae, repris plus tard par Simply Red. Ses albums Lonely Lover (1980) et More Gregory (1981) confirment son statut de star mondiale, rivalisant avec Bob Marley ou Dennis Brown. Il se produit régulièrement au Reggae Sunsplash Festival (1981-1991) et apparaît dans le film culte Rockers (1978), où il interprète Slave Master.

Difficultés et addictions

Malgré son succès, les années 1980 sont marquées par des épreuves. Isaacs lutte contre une addiction à la cocaïne et au crack, qui endommage irréversiblement sa voix et sa santé, lui faisant perdre la plupart de ses dents. En 1982, il est condamné à six mois de prison à Kingston pour possession d’armes à feu, après sa 27e arrestation. Ces problèmes ternissent sa réputation et mettent fin à son âge d’or. Cependant, il rebondit avec des titres comme Hard Drugs (anti-drogue) et continue à enregistrer prolifiquement avec des producteurs comme King Jammy, Bobby Digital et Steely & Clevie, s’adaptant même aux riddims digitaux (Rumours, Don’t Call Me Baldhead).

Retour et héritage

Dans les années 1990 et 2000, Isaacs reste actif malgré des hauts et des bas. Il sort Private Beach Party (1985) et Brand New Me (2008), ce dernier étant nommé aux Grammy Awards 2010. En 2010, il collabore avec le Zimbabwéen King Isaac pour Isaacs Meets Isaac, nommé aux Grammy Awards 2011. Avec plus de 70 albums studio et environ 500 disques (incluant compilations et enregistrements pirates), son œuvre est immense. Il meurt le 25 octobre 2010 à Londres, à 59 ans, des suites d’un cancer du poumon.

Style et impact

Surnommé The Cool Ruler, Lonely Lover ou Jah Tooth, Isaacs est reconnu pour sa voix suave et son rôle de pionnier du lovers rock. Ses textes, oscillant entre romantisme et engagement social, reflètent son vécu dans le ghetto. Malgré une réputation de « bad man » et un comportement parfois autoritaire (d’où le surnom Hitler), il marque l’histoire du reggae par sa versatilité, collaborant avec des légendes comme Dennis Brown (Two Bad Superstars, Judge Not). En 2016, le gouvernement jamaïcain lui décerne à titre posthume l’Order of Distinction. La Gregory Isaacs Foundation, créée par sa veuve en 2011, perpétue son œuvre caritative.

Filmographie et hommages

Isaacs apparaît dans Rockers (1978) et Made In Jamaica (2007). En 2015, une fresque murale est inaugurée à Kingston, et en 2016, une plaque commémorative est posée à son dernier domicile à Londres. En 2024, King Jammy revisite son catalogue avec des artistes comme Shaggy et Sean Paul, témoignant de son influence durable.